Friday, January 27, 2006

La crise de l'énergie revigore le futur réacteur nucléaire de 4e génération

Revue de presse

25/01/2006 : Le MondeLa crise de l'énergie revigore le futur réacteur nucléaire de 4e générationJean-François Augereau A quelles formes d'énergie l'humanité fera-t-elle appel pour assurer, dans quelques décennies, les besoins de 9 milliards d'individus ? A toutes, répondent aujourd'hui les experts. Aux renouvelables comme aux plus classiques. "Face au problème de l'énergie et du climat, le temps n'est pas à l'exclusion d'un système d'énergie par rapport à un autre. Tout est bon à prendre. Sans préjugé ni angélisme", insiste Philippe Pradel, directeur de l'énergie nucléaire au Commissariat à l'énergie atomique (CEA), qui rappelle que "d'ici à 2050, la consommation mondiale d'énergie devrait doubler" pour atteindre 20 Gtep (milliards de tonnes équivalent pétrole). Dans ce contexte, le nucléaire pourrait bien retrouver une place dans le bouquet qui alimentera la planète en énergie. Certains estiment que la capacité électronucléaire mondiale, assurée par quelque 450 réacteurs répartis dans une trentaine de pays, pourrait quadrupler d'ici à 2050. Optimisme du lobby nucléaire ? Peut-être. Reste que quelques pays dont les programmes nucléaires s'étaient ralentis puis arrêtés après les accidents américain de Three Mile Island et ukrainien de Tchernobyl réfléchissent à nouveau à l'atome. A commencer par les Etats-Unis dont l'Energy Policy Act, signé en août 2005 par le président Bush, ouvre la voie à cette forme d'énergie. Le ministre français de l'économie et des finances, Thierry Breton, devait quant à lui présenter, mardi 24 janvier, à Bruxelles, un texte pour une politique européenne de l'énergie dont Paris souhaite qu'elle n'écarte pas le recours au nucléaire. Les récentes déclarations du président de la Commission européenne, José Manuel Barroso qui estime qu'une telle politique européenne ne doit exclure aucune option, vont dans le même sens. Que dire enfin des propos, tenus le 5 janvier par Jacques Chirac lors des voeux "aux forces vives de la nation", qui laissaient entendre qu'un réacteur prototype de "4e génération" pourrait être mis en service en 2020 ? Ce projet n'est pas complètement nouveau. Depuis plusieurs années, la France, malgré la crise du nucléaire, maintient, au CEA, une capacité de recherche dans ce domaine. De plus, elle participe à un Forum international, créé en janvier 2000, et qui s'est donné pour objectif de développer ces réacteurs de 4e génération pour remplacer demain une partie des parcs électro-nucléaires actuels. Dix pays (Etats-Unis, France, Japon, Argentine, Brésil, Canada, Afrique du Sud, Corée du Sud, Suisse et Royaume-Uni) et l'Union européenne appartiennent à ce Forum, que la Chine et la Russie pourraient rejoindre. Son but : étudier six nouvelles filières de réacteurs. Des machines très différentes de l'EPR, le réacteur de 3e génération dont un premier exemplaire sera mis en service en Finlande, à Olkiluoto en 2009, et un deuxième en France à Flamanville (Manche) en 2011-2012. Les six réacteurs que le Forum se propose d'étudier sont entièrement nouveaux. Trois d'entre eux sont des réacteurs à neutrons rapides refroidis soit par du gaz (hélium ou azote), soit par du sodium liquide - technique déjà explorée par la Françe avec Superphénix -, soit encore par du plomb fondu. Une autre filière concerne un réacteur à très haute température (1 000o C contre environ 300o C pour les réacteurs à eau pressurisée du parc EDF). Deux autres enfin ont trait au réacteur à sels fondus, dont le coeur nucléaire sera liquide, et au réacteur supercritique, dont l'eau de refroidissement est maintenue à des pressions et des températures très élevées. Derrière ces projets pour lesquels le Forum estime qu'un financement de 6 milliards de dollars sur quinze ans est nécessaire, se profile le remplacement, à partir de 2035-2040, des réacteurs les plus "jeunes" actuellement en service. Mais se profile aussi avec ces machines une autre manière de penser l'énergie. Car, outre la fourniture d'électricité, ces centrales pourront aussi dessaler l'eau de mer, produire de la chaleur et de l'hydrogène. Toutes potentialités qui n'auront de sens que si ces réacteurs de 4e génération sont plus économiques, plus sûrs, moins proliférants, moins gourmands en énergie et capables de se débarrasser d'une partie de leurs déchets. Pas question bien sûr pour les pays intéressés de développer seuls tous ces filières. La France, pour sa part, n'envisage de mener des recherches que sur les réacteurs rapides à gaz et à sodium ainsi que sur les réacteurs à haute température. De toute façon, les moyens du CEA - 40 à 50 millions d'euros par an et 400 chercheurs -, même épaulés par ceux d'autres organismes et des industriels, ne le permettraient pas. N'est donc prévue, sans doute à Marcoule ou à Cadarache, que la construction - et ce dans un cadre international - d'un réacteur prototype de 200 à 300 mégawatts qui pourrait entrer en service en 2020. Reste à choisir, parmi les trois filières explorées par la France, celle qui sera la bonne et à trouver le milliard d'euros nécessaire au financement de ses sept ans de construction. Ce n'est qu'ensuite, en 2030-2035, qu'un réacteur "tête de série" de taille industrielle (1 500 à 1 600 mégawatts) pourra être envisagé.

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